Jean-Baptiste Poquelin était, de son vivant comme des années après sa
mort, plus connu sous le nom de Molière. De ce surnom nous ne savons
encore que peu de choses aujourd’hui, et Grimarest, auteur de la
première biographie sur Molière, dit même ” jamais il n’en a voulu
dire la raison, même à ses meilleurs amis”. Dramaturge reconnu,
qui divisait autant qu’il amenait au larmes de rire les
spectateurs lors de ses représentations, Molière est à l’origine
de la Comédie Française.
Sommaire:
- Biographie
- Enfance
- Débuts
- Apogée
- Maladie
- Œuvres
- Un artiste contesté
Biographie
L’enfance de Molière
Jean-Baptiste Poquelin est le fils de Jean Poquelin, marchand de
tapisserie et fournisseur officiel de la Cour et de Marie Cressé. Il
perd sa mère alors qu’il n’a que dix ans. Le résultat de
nombreuses grossesses éprouvantes certainement. Il rentre au collège
jésuite de Clermont en 1635 où il côtoya le prince de Conti. Il aurait
suivi des études de droits par la suite pour devenir avocat. Cependant
aucune trace d’un quelconque document du barreau de Paris n’atteste
qu’il ait un jour eu le diplôme. Il serait allé aider son père un
an dans l’entreprise familiale avant de se lancer dans la comédie,
contre l’avis de son père. Dès lors il ne sera plus Jean-Baptiste
Poquelin mais Molière.
Ses débuts en tant que comédien
En 1643 Molière fonde l’illustre théâtre avec Madeleine Béjart,
motivé par le simple fait de “faire rire les honnêtes gens”.
Ils jouent ensemble des tragédies à la mode, en concurrence avec d’autres
troupes. Ils louent le jeu de paume, dit des Métayers, et connaissent
huit mois de succès. En effet, ils jouissent de la reconstruction du
théâtre du Marais, suite à un incendie, et au départ temporaire des
autres troupes, le temps que le théâtre rouvre ses portes.
Cependant, au terme de ces huit mois, la troupe est de nouveau confrontée
à la concurrence et voit progressivement sa salle se vider. Molière et
sa troupe sont alors contraints de quitter Paris en 1645, après avoir
fait faillite. De 1646 à 1658, ils vivent la vie d’une troupe
itinérante et Molière s’essaye pour la première fois l’écriture
de comédies. Suite au succès lors de la représentation de la farce, le
docteur amoureux, devant louis XIV. Ils gagnent ainsi la confiance du
roi, se font considérer comme meilleure troupe de Province, et ce voient
installés au petit-Bourbon.
L’apogée
A la fois comédien, auteur et chef autoproclamé de la troupe, Molière s’engage
alors sur un succès qui le suivra bien au-delà de sa mort. Le triomphe
des Précieuses ridicules en font un auteur autant jalousé qu’adulé.
Ce n’est qu’en 1961 qu’il décide finalement de laisser
tomber les tragédies, et de se consacrer uniquement aux comédies. Le roi
le soutient financièrement dès 1665, et Molière devient responsable des
divertissements de la cour. Ce qui ne l’empêche pas de se moquer
gentiment des figures qui gouvernement dans ses pièces. On lui doit
également les comédie-ballets, dont
la musique sera composée par Jean-Baptise Lully.
Maladie
Certains diront qu’il est mort sur scène, lors de la quatrième
représentation du Malade imaginaire, dans l’accomplissement de son
art. Cependant, c’est dans son lit qu’il rendit son dernier
souffle, des suites d’une hémorragie pulmonaire. Il échappe de peu
à la fosse communale, suite aux requêtes du roi et de sa femme. Car en
effet, le comédien qui n’avait pas renoncé à la vie de comédien ne
pouvait normalement pas être exhumé au cimetière. Il le fût néanmoins,
mais de nuit et sans cérémonie .
Des œuvres indémodables
Les œuvres de Molière
Si l’on devait citer 10 pièces de Molière, ce serait sans aucun
doute: Le Misanthrope, Les Femmes savantes, Les Fourberies de Scapin,
Tartuffe, le Malade imaginaire, l’Avare, Dom Juan, L’Ecole
des femmes, Le Bourgeois Gentilhomme ou encore le médecin malgré lui.
Ces pièces ont marqué le public par le message qu’elles portaient
ou par des personnes emblématiques qu’on n’est pas prêt d’oublier.
Voici une liste de toutes les œuvres répertoriées de Molière:
Nom de l’œuvre |
Date |
Genre théâtral |
Nombre de représentations |
La Jalousie du Barbouillé |
Inconnue |
Farce
|
7 |
Le médecin volant |
Inconnue |
Farce
|
16 |
L’Étourdi ou les Contretemps |
1654 |
Comédie |
75 |
Le Dépit amoureux |
1656 |
Comédie |
76 |
Les Précieuses ridicules |
1659 |
Comédie |
70 |
Sagnarelle ou le Cocu imaginaire |
1660 |
Comédie |
143 |
Dom Garcie de Navarre ou le Prince Jaloux |
1161 |
Comédie Héroïque |
13 |
L’école des maris |
1161 |
Comédie |
130 |
Les Fâcheux |
1662 |
Comédie-Ballet |
121 |
L’école des femmes |
1663 |
Comédie |
105 |
La Critique de l’École des femmes |
1663 |
Comédie |
43 |
L’impromptu de Versailles |
1664 |
Comédie |
29 |
Le Mariage forcé |
1664 |
Comédie-ballet |
42 |
La Princesse d’Elide |
1664 |
Comédie galante |
34 |
Le Tartuffe ou l’hypocrite |
1665 |
Comédie |
2 |
Le Festin de Pierre |
1665 |
Comédie |
15 |
L’amour médecin |
1666 |
Comédie |
67 |
le Misantrhope |
1666 |
Comédie |
63 |
Le Médecin malgré lui |
1666 |
Comédie |
63 |
Amphitryon |
1667 |
Comédie |
56 |
Geaorge Dandin ou le mari Confondu |
1667 |
Comédie |
43 |
l’Avare |
1668 |
Comédie |
50 |
Le Tartuffe ou l’imposeur |
1668 |
Comédie |
95 |
Monsieur de Pourceagnac |
1669 |
Comédie-Ballet |
54 |
Les Amants Magnifiques |
1670 |
Comédie |
6 |
Le bourgeois Gentilhomme |
1670 |
Comédie-Ballet |
52 |
Psyché |
1671 |
Tragédie-Ballet |
83 |
Les Fourberies de Scapin |
1671 |
Comédie |
19 |
La Comtesse d’Escarbagnas |
1671 |
Comédie |
19 |
Les Femmes Savantes |
1672 |
Comédie |
26 |
Le Malade imaginaire |
1673 |
Comédie |
4 |
Procédés comiques
Parmi les divers procédés; Molière utilise principalement le comique de
geste, le comique de situation et le comique de mots. Friand d’action
rapide, de gestuelle comique repris de la farce, et de tournures
verbales en tout genre, il multiplie les sources de rire dans ses
pièces. C’est ainsi que certains personnages sont accoutrés des
costumes les plus amusantes, ou qu’ils se retrouvent dans des
postures étranges, à prononcer des répliques qui deviendront cultes.
Comme la très célèbre:” Qu’allait-il faire dans cette galère”.
Désireux de présenter un théâtre vrai, il met en avant la sagesse
populaire à travers son texte, au service d’une morale toujours
piquante et qui fait réfléchir.
Des personnages récurrents
Ce qui fait aussi et surtout la force de ses pièces, ce sont sans
conteste les personnages récurrents. Les principaux sont: les bourgeois,
les nobles et les domestiques. Les bourgeois sont très certainement les
plus représentés. Molière y analyse tant les relations au sein de la
famille, entre époux ou entre parents et enfants, que les évènements qui
peuvent bousculer la cellule familiale, comme le mariage. Parmi les
bourgeois les plus connus, on peut citer Harpagon de
l’Avare, Monsieur Jourdain du Bourgeois
Gentilhomme, ou encore l’indémodable Tartuffe, de la
pièce éponyme.
Ce n’est pas un secret, Molière ne ménage pas les nobles de son
temps, qu’il met régulièrement en scène. Si Dom Juan donne une
image plutôt positive de l’aristocratie, les nobles se font ridiculiser
dans la Critique de l’École des femmes, ou encore l’impromptu
de Versailles. On peut également évoquer Monsieur et madame de
Sotenville, dans la pièce George Dandin. Nobliaux ruinés, ils rachètent
leur dette auprès du riche paysan en le mariant à sa fille, lui donnant
ainsi le titre de “George de la Dandinière”. Seulement, le
mépris des nobles envers les honnêtes gens et leur air supérieur sont
ouvertement critiqués par Molière.
Enfin, puisqu’il n’y a pas de “classes supérieures”
sans serviteurs, les domestiques ont eux aussi une place prépondérante
dans les œuvres du comédien. Ils sont le support de l’action mais
aussi de l’effet comique. Au cœur de l’intrigue, ils
permettent l’avancement de l’histoire. Les serviteurs
masculins sont généralement malhonnêtes, profiteurs mais néanmoins
fidèles et intelligents. Les servantes sont, elles, les porte-paroles de
Molière lui-même. Molière se sert également de ces personnages pour
critiquer la société , ses travers, et les inégalités sociales qu’elle
comporte.
Un artiste contesté
Des pièces polémiques
Molière savait rassembler, mais ses pièces de théâtre divisaient souvent
également. Il l’écrit lui-même dans l’Impromptu de Versailles par
Mademoiselle Molière: ” Pourquoi fait-il de si méchantes pièces
que tout Paris va voir et où il peint si bien les gens que chacun s’y
connaît. Le meilleur exemple est l’affaire Tartuffe. En effet,
Molière fidèle à lui-même, décide en 1664 d’écrire une pièce
sapant l’autorité de l’Église. Alors que la France traverse au
même moment une crise du Catholicisme. Le roi se voit alors obligé d’apporter
son véto, et interdit la pièce. Le Tartuffe ou
l’Hypocrite ne peut alors plus être joué, en France ou à
l’étranger. La plus importante controverse du théâtre français
prend alors forme. Molière se voit finalement obligé de réécrire sa
pièce et de rectifier plusieurs fois l’écriture. Elle devint
Le Tartuffe ou l’Imposteur, et est de nouveau autorisée 5
ans après.
Une remise en question sur la paternité de son travail
Vous avez peut-être déjà entendu parler de l'”Affaire Molière”.
En effet, des accusations à son encontre portent sur la paternité de ses
plus grands succès, qui auraient en fait été écrits par…
Corneille. Propulsée au 20ème siècle par Pierre Louÿs dans deux de ses
articles, la supposée supercherie fait surtout couler beaucoup d’encre
dans les années 2000. Dominique Labbé, chercheur au laboratoire de
recherche en sciences sociales rattaché au CNRS et à l’université
de Grenoble, prétend avoir mis au point un outils lui permettant de
comparer des échantillons des textes de Molière et ceux de Corneille
afin de dire si oui ou non, ces échantillons ont été écrits par la même
personne.
Cet outils statistique donne ainsi un score entre 0 et 1 à la comparaison
de 2 échantillons. Si c’est proche de 0, cela signifie que ça a
été écrit par la même personne (selon le degré de proximité au 0) et 1
étant deux auteurs radicalement différents.Pour déjouer les pièges de la
langue française qui auraient pu fausser les résultats, Dominique Labbé
s’est attardé sur la fréquence d’apparition de mots dans une
phrase où réside un mot donné. Dans le bu d’analyser la distance
interlexicale. Et pour lui, c’est sans aucun doute Corneille qui a
écrit les textes de Molière. Cependant plus qu’un imposteur, la
théorie donne plutôt à Molière le rôle de prête-nom de Corneille.
Depuis 2011, Georges Forestier regroupe tous les témoignages, thèses et
autres arguments qui contredisent la théorie de Louÿs. Pour lui, il est
évident que Molière avait bien des tares, mais pas celle d’être un
usurpateur.